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Libération
Reportage

Retraite à 60 ans : «les gens savent que les jeux sont faits»

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Même si les syndicats revendiquent 1 million de manifestants hier dans toute la France, la mobilisation, entre colère et résignation, n’a pas réussi à mettre la pression sur le gouvernement.
publié le 28 mai 2010 à 0h00

Abalayer des yeux la foule des manifestants, Michel n'est pas certain que l'affluence soit au rendez-vous. «Les gens savent que les jeux sont faits», pense-t-il. Il est 14 heures à Paris. La place Denfert-Rochereau n'est pas tout à fait pleine. Les énormes ballons syndicaux flottent dans le ciel. Une pluie mauvaise est venue saper le moral des manifestants. Entre 22 000 (police) et 90 000 (syndicats) personnes se sont mobilisées. C'est, selon la source, moins bien ou au contraire mieux que le 23 mars, lors de la dernière manif interprofessionnelle. Juste de quoi permettre aux syndicats de revendiquer la barre du million de manifestants à l'échelle nationale. Soit beaucoup plus que la manifestation (faiblarde) du 1er Mai, mais encore loin des niveaux atteints par les cortèges du début de l'année 2009.

«Y a des sous.» Pour sa première grève depuis dix ans, Patrick 53 ans, magasinier à la Fnac à Paris, attend, sous son parapluie, de retrouver un collègue. «Ce qu'a annoncé le gouvernement cette semaine est une provocation !» s'énerve-t-il. Mais avec la pluie qui redouble, l'optimisme est fragile. «Il nous faut du monde pour garder la retraite à 60 ans», avance timidement Angèle, 21 ans, étudiante en arts et gardienne au musée d'Orsay. Monique, 57 ans, est fonctionnaire territoriale dans les Yvelines. Elle raconte : «J'ai commencé à travailler à 14 ans et demi, alors même si ma retraite n'est pas grosse, je m'en fous, je m