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Libération

Le temple de Delphes et le risque souverain

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publié le 1er juin 2010 à 0h00

Quelques semaines seulement après l’annonce d’un plan de stabilisation, l’Europe est à nouveau au bord du gouffre. La note souveraine de l’Espagne vient d’être dégradée et la capacité de la Grèce à honorer sa dette est à nouveau mise en doute. Le risque de défaut anticipé par les marchés financiers a retrouvé en Europe son niveau précédant l’annonce du fonds de stabilisation européen et l’intervention de la banque centrale européenne sur le marché de la dette publique. Les dirigeants européens et les banquiers centraux peuvent bien proclamer haut et fort qu’un défaut dans la zone euro n’est pas une option, le risque souverain demeure une réalité indépassable des relations financières internationales : faire défaut est toujours une option.

Le risque souverain vient de ce que les créanciers ne peuvent en général saisir les actifs de nations indépendantes. Ni la Société Générale, ni même la France ne peuvent s’approprier le temple de Delphesou une île des Cyclades pour se garantir des obligations financières de la Grèce. La Grèce paiera si elle veut payer. Rembourser sa dette pour un Etat est toujours un choix stratégique résultant de la comparaison entre les bénéfices de l’accès aux marchés de capitaux internationaux et le coût économique et social du service de la dette.

Au-delà des fondamentaux, c’est dans le face-à-face entre un Etat et les marchés que le défaut souverain se joue. Que les marchés gardent confiance, les primes de défaut resteront modérées et l’Etat aura de for