Sur le fond de l’affaire Messier-Vivendi, les différents protagonistes sauront défendre leur position au cours du procès pénal. Mais sur la forme, l’affaire est surprenante à plus d’un titre.
Un barnum judiciaire
C'est la quatrième procédure en cours (deux en France, deux aux Etats-Unis). Le volet disciplinaire fut tranché en premier : en septembre 2009, à Paris, la cour d'appel a condamné Vivendi (personne morale) et Messier (personne physique) à 500 000 euros pour leur mal-information des actionnaires. La justice française a eu la main légère, au motif que l'information n'était «pas intrinsèquement fausse, même si elle était présentée sur un mode optimiste et difficile à appréhender». Pour le même motif, la SEC, le gendarme boursier américain, avait été plus sévère dès 2003. Soit 50 millions de dollars d'amende pour Videndi. Et 1 million de dollars pour Messier, en plus de la renonciation à son parachute doré de 20 millions.
Place ensuite aux poursuites pour dommages et intérêts, visant à indemniser les actionnaires. Début 2010, la «class action» (poursuite collective en justice) menée aux Etats-Unis condamnait Vivendi (1), Messier étant épargné à titre personnel. Logique : les class actions visent surtout les poches profondes. A Paris, le procès pénal est lui aussi censé indemniser les actionnaires, en tant que parties civiles. Sauf qu’ils ont bien du mal à se faire entendre. Frédérik Canoy, avocat de petits porteurs, bataille pour intégrer les parties civiles. Alor