Anouveau, en fin de semaine dernière, les quais du port du Havre étaient déserts. Aucune opération de chargement ou déchargement des porte-conteneurs : les agents de manutention du Grand port maritime du Havre (GPMH) ont suivi l'appel à la grève de nuit (reconductible) de la CGT qui refuse l'application locale de la réforme de privatisation portuaire. «Un bateau immobilisé coûte 70 000 à 100 000 dollars par jour», dénonce Véronique Lépine. Le 1er juin, la présidente du Groupement havrais des armateurs et agents maritimes s'alarmait : «De janvier à avril, nous avons dû subir 432 heures de grève. On laisse crever le port alors qu'une loi a été votée et que le marché de l'affrètement a repris !»
Votée le 4 juillet 2008 pour relancer la compétitivité des ports français en perte de vitesse, la loi stipule que les opérateurs privés qui ont investi sur les quais ont la maîtrise totale des opérations sur leurs propres outillages. Une gouvernance qui signifie le détachement des personnels de manutention, jusque-là salariés sous statut public, rejoignant ainsi le statut des dockers. Le 30 octobre 2008, un accord-cadre national a été signé par toutes les organisations syndicales dont la Fédération nationale des ports et docks CGT. Depuis, la réforme s’enlise.
Au Havre, la CGT s'oppose à l'application de l'accord, dénonçant l'absence de garanties entourant le transfert des 200 portiqueurs : «Volonté de casser l'outil de travail», accuse le secrétaire