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Libération

De quel crédit jouit Kerviel ?

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Au procès de l’ex-trader, qui s’ouvre aujourd’hui, la principale question est celle de l’abus de confiance.
publié le 8 juin 2010 à 0h00

Pour avoir fait perdre à sa banque 4,9 milliards d’euros en janvier 2008, Jérôme Kerviel, dont le procès commence aujourd’hui, risque jusqu’à cinq ans de prison. Pendant trois semaines, les juges vont devoir se plonger dans les subtilités de la finance moderne pour comprendre comment un trader de 31 ans a pu prendre des positions spéculatives de 50 milliards d’euros, à lui tout seul, risquant de mettre par terre sa banque. Pendant trois semaines, l’ex-trader de la Société générale va engager le contre-procès de son employeur, faisant défiler 33 témoins. Car si la défaillance des contrôles internes de la banque est criante, reste à l’expliquer : négligence ou complicité passive ?

A priori, Jérôme Kerviel pourra difficilement échapper à une condamnation pour faux. Afin de dissimuler ses colossales positions spéculatives, il a multiplié les fausses contreparties, les mails bidons… Les faits sont établis et admis : «J'ai saisi des centaines de deals fictifs afin de masquer mes positions et mes résultats», a concédé le trader en cours d'instruction. Mais son avocat, Me Olivier Metzner, tient la parade : «Les mensonges sont tellement énormes qu'ils ne constituent pas un faux.» La problématique du faux renvoie à une autre question : Kerviel était-il un simple arbitragiste ou un pur trader ?

L'arbitrage consiste à profiter d'un différentiel de marché dans le temps (les Bourses ne sont jamais parfaites, elles tardent toujours à s'ajuster entre offre et dema