«Mes supérieurs m'ont demandé de prendre des positions spéculatives», vient-il de rappeler, comme on lâche des uppercuts. Le temps d'une pause, l'ex-trader de la Société générale, 33 ans, accusé d'être responsable, en 2008, d'une perte record de 4,9 milliards d'euros, fume une clope de la main droite, un mégot dans la main gauche. Jérôme Kerviel vient d'être comparé par Jean-François Lepetit, l'ex-patron de l'Autorité des marchés financiers, à un «somnambule dans un champ de tir». Un funambule de la finance, qui a toujours le déguisement d'un trader-killer. Costard noir, chemise pink rayé, col blanc, chaussure noir à lacets lilas.
Kerviel vient de passer deux heures à la question d'un président de tribunal correctionnel, Dominique Pauthe, parfois dépassé par la novlangue d'un monde à part. Et l'ex-trader, plus punchy que la veille, a renvoyé les accusations dans les cordes. La banque se pose en victime ? Lui n'est qu'un rouage d'un système. Il le reconnaît. Il a triché. «Pris des engagements fictifs.» Mais sa «hiérarchie» savait. Pire, «elle [l]'encourageait». Il dit : «La technique que j'ai utilisée, je l'ai pas inventée. Je les ai vus faire ! Que je sois allé trop loin, je le reconnais. Que je suis un idiot, je le reconnais. Mais mes pratiques étaient les pratiques dans la banque.» Son avocat, le franc-tireur Olivier Metzner : «Aviez-vous le sentiment qu'on vous laissait faire ?
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