L'isolement de Jérôme Kerviel s'accroît. Des quatre traders appelés à témoigner dans le procès qui l'oppose à la Société générale, un seul s'est présenté hier à la barre du tribunal correctionnel de Paris. Et Salim Ménouchi, 31 ans, n'est pas là pour le ménager. Avec Kerviel, alors auréolé d'une réputation de «sérieux» et de «réussite», cette fraîche recrue du desk Delta One entretenait début 2008 des «relations amicales».
C'était avant que les positions spéculatives du trader kamikaze ne se soldent par un trou de 4,9 milliards d'euros dans les comptes. «Je ne m'explique pas ses actes, admet Ménouchi sans un regard pour l'accusé. Il a pris des positions stratosphériques, il a mis en danger la banque et ses collaborateurs. Je suis déçu.» Le témoin ne se souvient plus des petits arrangements de salle de marché dénoncés par Jérôme Kerviel, comme l'absence de limite d'engagement des traders, ou la pratique accommodante des «transferts de résultat» d'une année ou d'un compte sur l'autre. Kerviel, lui, «s'étonne» : «C'est une pratique courante. Fin 2007, je suis moi-même allé voir Ménouchi pour transférer mon résultat. Il m'a dirigé sur un autre trader.»
Inavouable. La rumeur interne magnifiait alors la «très bonne année 2007» de Kerviel. Le résultat de 50 millions d'euros confessé à sa hiérarchie le rangeait déjà parmi les meilleurs de sa spécialité. Son résultat réel, 1,4 milliard d'e