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Libération

Kerviel : un ex-supérieur ne lésine pas à la charge

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publié le 15 juin 2010 à 0h00

La hiérarchie de Jérôme Kerviel couvrait-elle les agissements peu orthodoxes de son trader sur les marchés ? Entendu hier, Christophe Mianné, N+6 (six rangs au-dessus) de l'accusé à l'époque des faits et toujours haut responsable de la Société générale, charge un plateau de la balance : «J'estime que Jérôme Kerviel est malhonnête, déloyal, non transparent et tricheur. Je suis choqué de l'entendre dire qu'on l'a laissé faire. Rien n'apparaissait dans l'analyse de risques. Ces positions étaient clairement masquées.»

Avant le 19 janvier 2008, Kerviel n'était qu'un nom parmi les 1 400 personnes de son département. Ce samedi-là, Mianné l'attend pourtant fébrilement. Ses équipes ont découvert que 80 milliards d'opérations sont «en l'air», sans contrepartie claire. «On était devant un faux de taille colossale, se souvient Mianné. On ne comprenait rien. On était très inquiet.» Quand Kerviel arrive, il le passe à la question. «On avait besoin de savoir pour déboucler ce qui devait l'être dès le lundi, raconte-t-il. Il refusait de nous aider. Il ne parlait que du 1,4 milliard qu'il avait gagné en 2007. En fait, la veille, quand il a compris qu'il allait être découvert, il a augmenté sa position : il a foncé dans le mur et accéléré. Je trouve ça criminel.» La task force montée en urgence ne découvre l'ampleur du désastre, une position en risque pour 50 milliards, que dans la nuit du samedi au dimanche quand elle épluche les opération