Après Socrate, c’est Ulysse qui secoue le monde des informaticiens à la SNCF. En 1993, l’entreprise était allée chercher chez American Airlines son système de réservation, Sabre. La greffe s’était soldée par un énorme fiasco. Cette fois, c’est vers IBM que la compagnie ferroviaire s’est tournée. Elle a décidé de créer avec le géant américain une co-entreprise à laquelle elle va déléguer la sous-traitance de son informatique. Un marché de 1,7 milliard d’euros sur six ans.
La filiale, validée le 11 janvier en conseil d'administration, est en route. Un virage que les cheminots informaticiens ne digèrent pas. Ils l'ont redit à la direction, hier, lors d'une table ronde, en radicalisant leurs propos. De SUD rail à la CFDT, les syndicats font la même lecture du projet : «Cela veut dire un millier d'emplois délocalisés en Inde», a chiffré Pascal Modeste chez SUD. A la CGT, Gilbert Carrel ajoute qu'une moitié des prestataires - il y en a 2 000 à la SNCF - pourraient disparaître.
La gestion des systèmes sophistiqués d'information - de la vente des billets à la circulation des trains, en passant par le traitement des achats - mobilise 2 200 cheminots et presque autant de prestataires, placés par des sociétés de services pour seconder les informaticiens de la SNCF. «Aujourd'hui, les équipes sont mixtes. Demain, elles seront aux couleurs d'IBM», redoute-t-on à SUD rail. Elles seront surtout «pilotées depuis l'Inde», où l'américain dispose de gros contingents.
Sel