Exploités comme saisonniers à statut précaire alors qu'ils occupent souvent des emplois permanents, les travailleurs étrangers qui font tourner l'agriculture des Bouches-du-Rhône vont-ils recevoir enfin la considération qu'ils méritent ? Plusieurs décisions de justice indiquent une amélioration de traitement. A commencer par la victoire de Baloua Aït Baloua : le 25 mai, le Conseil d'Etat a condamné l'Etat à lui délivrer une carte de séjour «vie privée et familiale», et 3 000 euros d'indemnités. Ce saisonnier marocain a travaillé vingt-quatre ans dans une exploitation agricole à Charleval (Bouches-du-Rhône), avec des contrats saisonniers OMI (Office des migrations internationales) de huit mois, entre lesquels il rentrait chaque fois au pays. Par ce statut dérogatoire répété chaque année, le salarié se voyait privé des garanties sociales qu'il aurait eues en CDD ou CDI. L'OMI fait plus pour moins cher : jamais d'ancienneté, peu de qualification, il permet une délocalisation à l'envers. Mais en décembre 2008, la Halde (Haute autorité de lutte contre les discriminations et pour l'égalité) a dénoncé un «détournement abusif» du système et ses «conséquences discriminatoires en matière d'emploi et de conditions de travail, de protection sociale et de droit au respect de la vie privée et familiale».
Bataille. Depuis, la préfecture des Bouches-du-Rhône, où se concentrent la plupart des dérives, a modifié sa politique. «Nous avons réexamin