Jérôme Kerviel aime jouer aux Indiens. Pour masquer ses prises de positions risquées jusqu’à l’inconscience sur les marchés, l’ex-trader de la Société générale a reconnu hier à la barre avoir multiplié les opérations fictives dans le système interne de la banque.
Son ingéniosité déroute. Tout comme sa capacité à désamorcer par mail les interrogations parfois pressantes des équipes de contrôles internes. Deux ans durant, ça passe. Il n’est pas inquiété quand les mails des shérifs de la banque sont adressés à ses supérieurs. Il ne l’est pas plus quand il les leur redirige de son propre chef.
«Mes explications avaient pour but de sauver les apparences, réaffirme Kerviel. Techniquement, elles n'étaient pas crédibles.»«Faux», rétorque la Socgen, partie civile. «Le ton de vos mails est celui d'un escroc», accuse le procureur.
«La juge assesseur : - Vous grillez plusieurs feux rouges et ça ne vous affole pas qu’il n’y ait pas de policiers pour vous arrêter ?
Kerviel : - Ce n’est pas ça. Il y avait des policiers. C’est comme s’ils prenaient des photos de moi en train de griller les feux et qu’au lieu de m’arrêter, ils disaient "on la refait".
La juge : - Vous pensiez vos chefs incompétents ?
Kerviel : - Non, j’ai pris ça pour une volonté de me laisser faire. Mes chefs étaient très techniques, très pros. Il m’est arrivé d’avoir le matin sur mon desk 1 milliard d’exposition dans mon analyse de risques et que personne ne me dise rien…
Me Metzner,