Nicolas Sarkozy a-t-il gagné hier ses galons de grand réformateur ? La réforme des retraites permettra-t-elle au Président de se présenter demain devant les Français avec un vrai bilan «de rupture», pour reprendre son leitmotiv de la campagne présidentielle de 2007 ? Il faudrait beaucoup de malhonnêteté pour ne pas lui reconnaître une certaine habileté politique dans sa gestion du dossier retraites. Privilégiant (pour une fois) la discrétion plutôt que l’omniprésence, les informations distillées au compte-gouttes plutôt que le matraquage des slogans. Résignés à l’idée qu’il fallait bien en passer par là, les Français ne sont pas descendus massivement dans la rue pour conserver leur retraite à 60 ans. Ils jugent la réforme globalement injuste, mais probablement inévitable. Habilement, le texte contient de petites concessions, sur les carrières longues ou la pénibilité, qui serviront d’argumentaire au gouvernement pour répondre aux critiques de l’opposition.
Au delà, c’est une étrange impression d’occasion manquée qui domine. Nicolas Sarkozy tenait là une redoutable opportunité pour brandir «sa» réforme. Or, à l’aune de la rupture, il faut reconnaître qu’on est loin du compte. Bien sûr, le gouvernement tient son totem de la retraite à 62 ans. Mais, loin de régler le problème sur le plan comptable, ni en 2020 et encore moins en 2030, le gouvernement ne fait que gagner du temps. Plus ennuyeux, la question de la retraite, plus généralement la place du travail dans nos sociétés occ