On peut tourner la question dans tous les sens, la conclusion s’impose d’elle-même : les classes populaires seront les premières victimes de la réforme des retraites. En repoussant de deux ans l’âge légal de départ, on touche par définition ceux qui commencent à travailler tôt, qui sont aussi les plus mal payés et ceux dont l’espérance de vie, en moyenne, est la plus courte.
Le président Sarkozy, qui recevait hier matin les éditorialistes pour expliquer - promouvoir - son projet, n’est pas loin d’en convenir. La crise, dit-il en substance, l’oblige à des décisions difficiles qu’il aurait préféré éviter. Mais nécessité financière fait loi. Ainsi le choc est réel. Ceux qui sont nés après 1956 et qui comptaient partir à 60 ans devront tirer deux ans de plus. Certes, les dispositifs «longue carrière» sont assouplis et la pénibilité, définie individuellement par la médecine du travail, sera prise en compte. Mais ces compensations sont partielles. La masse des salariés devra fournir l’effort principal.
A cela s’ajoute le recul de la borne des 65 ans, qui permettait à ceux ou celles qui n’ont pas toutes leurs annuités de partir malgré tout avec une retraite à taux plein. Ceux-là devront également travailler deux ans de plus. Peut-on encore l’éviter ? Oui : en trouvant des recettes nouvelles pour le même montant. Le PS l’a proposé. Mais beaucoup d’experts, pas seulement au gouvernement, jugent cette taxation excessive ; d’autres font valoir que les besoins de financement de l’Etat son