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Libération
A la barre

«Kerviel avait un excès de confiance similaire à celui d’un délinquant»

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publié le 18 juin 2010 à 0h00

Jérôme Kerviel était-il maître de lui-même début 2008 quand il a engagé près de 50 milliards d'euros sur les marchés dérivés ? Sollicités par la défense de l'ancien trader de la Société générale, les deux professeurs de l'université Paris-II venus déposer hier à la barre du tribunal correctionnel en doutent ouvertement. «Le comportement de Jérôme Kerviel est conforme aux études comportementales sur les opérateurs de marché», relève Catherine Lubochinsky, directrice d'un master en finance de renommée internationale. «Il fait montre d'un excès de confiance similaire à celui d'un délinquant qui recommence tant qu'il ne se fait pas prendre, souligne-t-elle. C'est un travers connu des opérateurs de marché, dont le taux de testostérone est, selon des études scientifiques, plus élevé que la moyenne.»

Enhardie par les rires, l'universitaire poursuit : «Kerviel roulait à 2 000 km/h alors que sa vitesse était officiellement limitée à 100, sans recevoir plus qu'un avertissement !» relève-t-elle. L'impunité dont jouissait le trader sur le desk Delta One aurait donc partie liée avec une «perte de notion de la réalité», qui néanmoins devait «se voir dans les comptes».

Plus académique, le professeur Jean-Hubert Blanchet s'attache lui aussi au facteur humain : «A 72 heures de travail par semaine, ce qui semble avoir été le temps de présence de Jérôme Kerviel dans la salle de marché, un opérateur devient structurellement dangereux. En l