Le berceau de «la fée verte» est niché sur les contreforts boisés du Jura, entre Pontarlier (Doubs) et la paisible région suisse du Val-de-Travers. Mais depuis que les Helvètes ont lancé une OPA sur l’absinthe, la «boisson qui rend fou» enflamme les esprits. Le 31 mars, les producteurs du Val-de-Travers ont obtenu auprès de l’Office fédéral de l’agriculture suisse (Ofag) une indication géographique protégée sur la boisson mythique et ses surnoms, «la fée verte» et «la bleue». S’il n’y a aucune contestation d’ici le 30 juin, ils seront les seuls autorisés à vendre de l’absinthe, d’abord en Suisse, puis en Europe.
Gorgée. Côté français, on ne digère pas cette tentative d'avaler un monument du patrimoine national, ancêtre du pastis. «Leur objectif final est de nous piquer l'appellation au niveau mondial. Nous devons nous défendre», s'indigne César Giron, PDG de Pernod, leader historique, avant la prohibition de 1915, et qui revendique aujourd'hui 25% du marché mondial. «Nous allons déposer un recours dans les prochains jours auprès de l'Ofag, indique à Libération Marie Benech, directrice générale de la Fédération française des spiritueux. L'absinthe est un terme générique. C'est comme si la Martinique voulait l'exclusivité du rhum ! On ne peut pas laisser passer ça, c'est une question de principe.»
C’est aussi une question de gros sous. Depuis la levée de l’interdiction dans les années 2000, les ventes explosent : +25% par an e