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Procès Kerviel: «Au pire, on perdait 30 milliards d’euros, c'était la faillite de la banque»

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L'ex-trader Jérôme Kerviel, ce mardi. (© AFP Jacques Demarthon)
publié le 22 juin 2010 à 14h54
(mis à jour le 22 juin 2010 à 14h56)

Trader contre trader. Au dixième jour du procès de Jérôme Kerviel, ex-trader de la Société générale, la partie civile appelle à la barre une star du trading maison. Maxime Kahn, 39 ans, est l’homme à qui est revenu la tâche délicate de déboucler les 49 milliards de positions spéculatives ouvertes engagées en sous-main par Kerviel sur les marchés futurs. Entre deux gorgées d’eau, l’actuel patron d’une filiale de trading de la banque raconte un épisode de sa vie dont il n'a compris que plus tard l’importance.

Pour lui, l'affaire débute le dimanche 20 janvier au soir par un coup de fil de son supérieur Pierre Yves Morlat lui demandant d'être là le lendemain matin à 8 heures. «Là, il m'explique qu'il y a un ordre client à exécuter pour une taille significative: il s'agissait de vendre des contrats futurs sur plusieurs indices. On discute des modalités en terme d'impact sur le marché. On s'entend sur des ordres ne représentant pas plus de 10% à 15% du marché. On a recalibré rapidement à la baisse autour de 7%.»

Dix fois la totalité des risques envisageables

Maxime Kahn est isolé dans une petite pièce connexe de la salle de marché et travaille deux jours de rang, comprenant seulement «aux visage de ses interlocuteurs» qu'il ne s'agissait pas d'une exécution client. «J'ai cru qu'il s'agissait d'une couverture des portefeuilles de subprimes, la banque commençant à faire des pertes sur ces produits. Jamais je n'ai envisagé ce que j'ai découvert le jeudi matin: des positions frauduleuses pour des montants astro