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Libération
Éditorial

Exubérance des marchés et OMC

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publié le 25 juin 2010 à 0h00

«Les idées tuent !» Michel Rocard n'a pas peur des mots. Les idées dont il parle sont celles de Milton Friedman, le gourou nobélisé de l'ultralibéralisme. «Pour avoir coupé l'économie des sciences humaines, pour l'avoir asservie à la mathématique la plus dure, Milton Friedman a commis un crime», a asséné Michel Rocard lors des états généraux du Renouveau réunis par Libé et l'Obs, qui ont permis, à près d'une centaine d'associations et de cercles de réflexion, de débattre pendant trois jours à Grenoble.

La virulence du propos éclaire le débat : laissé à lui-même, le capitalisme détruit autant qu'il construit. Il pousse la production, mais il néglige les équilibres de la planète et soumet les peuples aux rigueurs d'une logique de cupidité. La chimère d'un marché autorégulé nie les valeurs humaines et menace la nature. Elle rend plus criante l'absence d'une gouvernance mondiale. Qu'y peuvent les instances internationales telles que l'Organisation mondiale du commerce (OMC) ? Curieusement, alors que la logique voudrait qu'on les renforce, elles sont dénoncées de toutes parts. Les libéraux leur imputent une socialisation rampante de l'économie. La gauche radicale voit en elles une force asservie aux intérêts de la finance mondiale. C'est le sens de la controverse entre Pascal Lamy, directeur général de l'OMC, et Aurélie Trouvé, coprésidente d'Attac. Faut-il récuser l'organisation du commerce ou bien s'appuyer sur elle pour réguler la dangereuse