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Libération

Les inégalités ont préparé la crise financière

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publié le 29 juin 2010 à 0h00

Durant les deux périodes précédant les crises financières les plus sévères de leur histoire - 1929 et 2008 - les Etats-Unis ont connu un accroissement fort des inégalités de revenus conjugué à une croissance rapide de l’endettement des ménages. Entre 1910 et 1929 comme entre 1989 et 2008, la part des revenus revenant à la fraction de 1%des ménages les plus riches est passée de 15% à 25%. Durant les mêmes périodes, l’endettement total des ménages américains en proportion du produit intérieur brut a cru de 50%. En 1987, les dettes de la moitié des Américains les moins riches étaient à peu près du même montant que leur richesse nette. En 2007, elles en représentaient le double.

Les liens entre l’endettement excessif des ménages - en particulier les plus pauvres via les subprimes - et la crise financière ont été étudiés en profondeur. Le rôle joué par l’accroissement des inégalités de revenus a été, par contre, largement éludé. Dans la théorie standard, les pauvres auraient dû réduire leur consommation plutôt que de chercher à s’endetter et le rendement de l’épargne des riches aurait dû, à un moment, décliner. Dans la réalité, les pauvres se sont endettés massivement en combinant tous les instruments financiers disponibles : prêts immobiliers, prêts à la consommation, cartes de crédits, etc. Et les riches se sont, en grande partie, enrichis, grâce aux profits croissants du secteur financier.

Revenons à la fin des années 90. Durant la présidence Clinton, malgré la croissance forte