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Enquête

Belvédère : le roi de la vodka a un coup dans l’aile

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Malgré le recrutement de Bruce Willis, le groupe de spiritueux, étranglé par les dettes, se débat devant la justice sur fond de conflit avec ses créanciers.
Bruce Willis à Los Angeles, le 24 septembre 2009 (© AFP Kevin Winter)
publié le 2 juillet 2010 à 0h00

Jacques Rouvroy, 62 ans, est cerné de toutes parts. Aujourd'hui, le PDG du groupe de spiritueux Belvédère (vodka Sobieski, pastis Berger…) est convoqué devant un tribunal de Londres après que des créanciers ont procédé à la saisie conservatoire de ses biens. Hier, il plaidait sa cause auprès des mandataires judiciaires de son groupe étranglé par les dettes (580 millions d'euros). Ajoutez à cela des fonds «vautours» qui bataillent pour récupérer leur argent, un people actionnaire (Jean Reno), la mégastar Bruce Willis, tête de gondole de la vodka maison, dans le rôle du sauveur aux gros bras, et vous aurez l'incroyable recette du cocktail Belvédère.

La saga polonaise

L'affaire, fondée en 1991 à Beaune, commence comme une success story. Jacques Rouvroy, ancien champion de saut à la perche et négociant en vin de Bourgogne, rencontre Christophe Trylinski, ex-international polonais de handball devenu ingénieur. Les associés ont l'idée de génie de «glamouriser» le marché encore très soviétique de la vodka polonaise. Ils mettent au point des bouteilles innovantes inspirées des flacons de parfum. Et s'approprient des symboles nationaux, comme Jean III Sobieski, le roi polonais qui bouta les Turcs hors d'Europe en 1683. C'est un carton. «En dix ans, nous avons fait de Sobieski la septième marque mondiale de vodka, malgré des moyens limités. Nous en sommes assez fiers», dit Rouvroy. L'action Belvédère, introduite en Bourse en 1997, bondit de 700% en dix