Les ouvrières de Lejaby avaient choisi un lieu symbolique pour présenter leur combat vendredi : la Maison des canuts, à Lyon, où flotte la devise des tisseurs «Vivre en travaillant ou mourir en luttant». Elles, elles vivent et luttent. Et espèrent continuer de travailler pour leur entreprise de lingerie menacée par ses racheteurs.
L’américain Warnaco a acquis Lejaby en 1996, avant de licencier 250 personnes et de revendre en 2008 à l’autrichien Palmers, qui a décidé en mars de licencier 197 personnes (sur 653). Car, en deux ans, les ventes se sont effondrées : - 23,6% (contre - 4% dans le secteur). Deux explications, selon les ouvrières : le nouveau propriétaire a laissé Lejaby sans dirigeant pendant un an et a stoppé les investissements publicitaires. Aujourd’hui, la direction compte fermer trois des quatre sites de production. Un seul atelier «pilote» serait conservé, et tout le monde pensait que ce serait Bourg-en-Bresse (Ain), proche du siège social, modernisé il y a peu.
Ce sera Yssingeaux, ville de Haute-Loire dont le député est… Laurent Wauquiez, ministre de l'Emploi. Les ouvrières dénoncent cette «décision politique» et notent que leur entreprise reste rentable : elle vient de dégager un résultat net de 1,1 million d'euros (sur un chiffre d'affaires de 62,7 millions). Mais la direction veut délocaliser, garder 7 à 10% seulement de la production en France (30% aujourd'hui). Elle investirait aussi 12 millions d'euros dans la pub, pour relever les ventes