Quand l’Etat joue au patron voyou, il le fait jusqu’au bout. Employées comme concierges par la direction départementale de l’équipement (DDE) du Tarn, deux contractuelles ont travaillé onze ans pour l’administration… sans toucher un kopeck. Si ce n’est pour les quelques heures de ménage effectuées en sus de leur travail principal. Vingt ans après le début des faits, et alors que leur ministère de tutelle (Développement durable) est prêt à réparer son erreur - en leur payant une décennie de salaire -, c’est désormais le ministère du Budget qui, selon la CGT, bloque le dossier.
Ménages. Pour Aline Farnière, tout commence en 1977. Elle a 29 ans lorsqu'elle est embauchée comme concierge du parc des Ponts et Chaussées d'Albi, dans le Tarn. Un travail de surveillance des locaux et des véhicules administratifs, doublé d'une permanence téléphonique, et de quelques heures de ménages. Sa rémunération, à l'époque, couvre l'ensemble des tâches qui lui sont attribuées. Le logement de fonction, indispensable pour exercer son travail, est même plutôt spacieux. Mais, en 1990, les choses se gâtent. De retour de quatre ans de congés sans solde pour élever son deuxième enfant, Aline retrouve son poste, dont le descriptif fait état des mêmes attributions. Problème, il manque un paragraphe au contrat de travail : celui lié à sa rémunération. Aucun salaire n'est mentionné dans le document, qui viole ainsi - même si l'Etat n'y est pas assujetti - les règles les plus élémentaires du