L'affaire était entendue dès les dernières vendanges : la vigne avait bénéficié de conditions climatiques parfaites, le 2009 s'annonçait comme un millésime de rêve dans le Bordelais, peut-être même «le meilleur vin depuis 1949», estimaient les fins palais, et malheur à qui affirmerait le contraire. Car l'aubaine est à la mesure des difficultés de la filière, toujours à la peine pour écouler ses stocks de 2006 et 2007. Une grande année signifie une hausse proportionnelle des prix. Tous les ingrédients sont là : la qualité, certes, accompagnée de notes stratosphériques des dégustateurs, un taux de change largement avantageux pour l'euro, une reprise des marchés traditionnels, Etats-Unis et Grande-Bretagne en tête, et surtout l'arrivée de la Chine et de son milliard de consommateurs qui font brutalement flamber la demande.
Élevage. Pour la toute première fois, les Chinois ont notamment participé cette année à la semaine des primeurs, fin avril. Un mode d'achat spécifique au Bordelais qui permet de déguster le vin avant la fin de l'élevage, et de l'acquérir à l'avance, alors qu'il n'est pas encore mis en bouteille.
Il s'agit, pour les participants, de s'assurer l'accès à des crus très demandés, hautement spéculatifs. «Il y a beaucoup de liquidités, d'argent disponible en Chine, confirme Thomas Jullien, correspondant du Conseil interprofessionnel des vins de Bordeaux (CIVB) à Hongkong. Ils recherchent les secteurs spéculatifs, ils ont remonté