L’affaire Woerth ne fait pas celle des syndicats. La mobilisation contre la réforme des retraites à peine enclenchée, les voilà contraints de céder la scène médiatique à un feuilleton qui relègue au second plan leur combat naissant. Tout en fragilisant le ministre du Travail - dont le projet de loi est présenté ce matin en Conseil des ministres - au profit de la branche la plus dure de l’UMP.
«Nous n'avons pas à choisir notre interlocuteur, reconnaît Jean-Louis Malys, secrétaire national de la CFDT, mais nous craignons aujourd'hui une vraie personnalisation de l'affaire autour d'Eric Woerth, au détriment du fond du dossier retraites.» L'organisation de François Chérèque considère bien, et «a priori», le ministre comme «légitime», mais «si ce n'est pas le cas, il doit alors le constater lui-même». A la CGT, on est plus direct en estimant le ministre du Travail «affaibli» : «Woerth a autre chose en tête que la réforme des retraites, témoigne Eric Aubin, chargé du dossier à la confédération. Depuis qu'il a présenté le projet de loi, le 16 juin, il ne s'est rien passé. Il ne semble plus travailler sur le dossier.»
«Prête-nom». Aucun leader syndical ne l'a d'ailleurs rencontré depuis, si ce n'est à l'occasion de brèves apparitions au ministère. «C'est son directeur de cabinet qui nous reçoit, mais même lui semble avoir la tête ailleurs», avance un dirigeant syndical. Une inquiétude toute relative, tant les représenta