Patron de l'incontournable Banque centrale européenne (BCE), Jean-Claude Trichet revient pour Libération sur les derniers mois de crise financière et politique qui agite l'Europe.
La crise de la dette souveraine qui a secoué la zone euro depuis janvier est-elle terminée ?
Les interrogations des investisseurs sur les dettes souveraines sont un phénomène mondial, qui caractérise surtout les pays industrialisés. Dans le cas particulier de la Grèce, une partie des investisseurs s’était convaincue que le gouvernement de ce pays serait incapable de prendre les décisions courageuses absolument indispensables. D’une manière plus générale, la capacité des Européens de faire face à une situation difficile me paraît avoir été initialement très sous-estimée. Songez que nous avons, au moment où je parle, un plan de redressement grec approuvé par le FMI, par la Commission, en liaison avec la BCE, et par les gouvernements de l’Eurogroupe. De nombreux pays européens ont adopté des plans de redressement ambitieux. Tous se sont engagés à accélérer leur consolidation budgétaire. Et les gouvernements ont décidé de créer un Fonds de stabilisation financière mobilisant 440 milliards d’euros. Les investisseurs pensaient tout cela impossible il y a quelques mois, voire quelques semaines. Ils prennent progressivement ces décisions en compte.
Les marchés ont donc sous-estimé la volonté politique de l’Union ?
C’est vrai, une partie des investisseurs et des participants du marché ont tendance à sous-estimer la capacité de l’Europe à prendre des décisions audacieuses. A leur décharge, je dirais simplement que la structure institutionnelle de l’Europe es