Au pays du zen, la vérité peut parfois éclater au grand jour. Vendredi, à Tokyo, alors qu'il discourait sur la zone euro et défendait devant des patrons japonais les mérites de l'euro, François Fillon, le Premier ministre, a prononcé en bout de phrase le mot tabou, le terme épouvantail, le fameux mot «rigueur». Du coup, son passage éclair à Tokyo - escale d'un périple qui le mène en Nouvelle-Calédonie - était surtout marqué par cet étonnant écart linguistique.
Fillon a employé le mot de trop alors qu'il vantait à des patrons nippons les efforts d'économies budgétaires de son gouvernement. «Dans tous les budgets de l'Etat, le seul qui n'est pas soumis à la rigueur, c'est le budget de l'Enseignement supérieur et de la recherche», a-t-il dit. Gaffe, lapsus, trait d'esprit inconscient ou effet voulu ? Le mot interdit prononcé a le mérite de la clarté.
Les décideurs nippons ont eux surtout retenu du discours du Premier ministre que la zone euro était «stable». Faire oublier la crise grecque et rassurer les milieux d'affaires japonais : c'était bien la mission numéro 1 de François Fillon, les placements japonais en euro ayant chuté de 30% durant le premier semestre 2010. Fillon a du coup appelé ses hôtes à poursuivre leurs investissements dans la zone euro. Car bien qu'hyperendetté (sa dette brute évaluée à 200% du PIB inquiète même le FMI), et soumis à un plan de rigueur draconien, le pays conserve une très forte capacité d'investissement. Près de 450 ent