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Enquête

En Equateur, la biodiversité vaut son pesant d’or noir

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Avec le projet Yasuni, le président Correa lançait un défi aux pays riches : payer pour éviter l’exploitation du pétrole. Pari peut-être gagné, un accord devant être signé avec l’ONU.
par Diane Cambon, Correspondance à Quito
publié le 22 juillet 2010 à 0h00

«C’est certes une idée folle, mais avec le temps, elle a pris de la force et fait chaque fois plus d’adeptes.»

L'économiste équatorien Alberto Acosta est un fervent défenseur du projet écologique Yasuni ITT (Ishpingo- Tambococha-Tiputini). Un projet qui a été taxé d'utopie, émanant d'un pays où 20% des ressources de l'Etat provient de l'exportation du pétrole. Car cette «idée folle» consiste à laisser, dans le sous-sol de la jungle amazonienne, 850 millions de barils de brut, soit 20% des hydrocarbures de l'Equateur. Objectif : ne pas contaminer ce que l'Unesco considère comme la plus grande réserve de biosphère de la planète. Dans cet éden tropical de 100 000 hectares cohabitent 2 274 espèces d'arbres recensées, 165 mammifères et 700 types d'oiseaux. C'est aussi le refuge de deux peuples indigènes qui vivent en isolement volontaire - les Tagaeri et les Taromenane - et de plusieurs milliers d'indiens Huaorani.

Ce geste écologique n'est évidemment pas gratuit. L'Equateur n'est pas disposé à perdre la manne financière que lui rapporterait l'exploitation des trois puits de pétrole de ce poumon vert (environ 7,5 milliards de dollars, soit 5,8 milliards d'euros). D'où la condition posée en retour : que la communauté internationale contribue financièrement, à hauteur de 350 millions de dollars par an durant dix ans, soit la moitié des gains qui seraient obtenus avec le pétrole. «Nous faisons appel à la coresponsabilité des pays riches, qui ont pu se développer