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Libération

Une entreprise d’Etat coule, le Premier ministre boit la tasse

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par Hervé Lisandre
publié le 24 juillet 2010 à 0h00

Les premières têtes sont tombées : Pham Thanh Binh, PDG de Vinashin, le constructeur naval du Vietnam, a été suspendu de ses fonctions la semaine dernière par le Premier ministre, Nguyên Tân Dung. L'entreprise d'Etat de 60 000 employés qu'il dirigeait a accumulé - en secret - 4,2 milliards de dollars (3,3 milliards d'euros) de dettes. A sa gestion calamiteuse s'ajoute l'accusation de népotisme : Binh avait placé son fils et son frère à des postes clés. «Les pertes de Vinashin ébranlent la confiance dans les entreprises vietnamiennes, des fonds internationaux vont s'éloigner de notre marché», s'alarme Lê Trong Nhi, analyste financier, dans le quotidien Thanh Nien.

Le groupe, un des dix plus importants du pays, avait émis 750 millions de dollars d'obligations. Son naufrage sanctionne aussi l'expansion rapide et sans contrôle des entreprises d'Etat. Ces dernières années, le gouvernement les a encouragées à se diversifier afin de rivaliser avec les groupes étrangers. Une politique impulsée par Nguyên Tân Dung. Responsable de la nomination des dirigeants d'entreprises d'Etat, le Premier ministre est éclaboussé par l'affaire, tout comme ses ministres des Finances et des Transports, dont dépend le constructeur naval. «Je suis surprise que Vinashin ait été si sérieusement en difficulté sans que personne ne le dénonce», pointe, faussement ingénue, Pham Chi Lan. Cette économiste, ancienne conseillère du gouvernement, réclame des poursuites judiciaires contre