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Libération

Nestlé, concurrent déloyal au Cameroun

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LAIT . La justice donne raison à une entreprise locale.
publié le 26 juillet 2010 à 0h00

Au Cameroun, la nouvelle est passée inaperçue. Elle est pourtant exceptionnelle : une entreprise du pays, Codilait, est sortie gagnante d'un procès contre une filiale du géant suisse Nestlé, condamnée le 14 juillet par un tribunal de Douala, la capitale économique, pour «concurrence déloyale» et «fraude douanière». Nestlé Cameroun va devoir payer 721 000 euros à Codilait.

Marché. C'est en 2003 que Pius Bissek, directeur de Codilait, a porté plainte contre une dizaine de compagnies, dont Nestlé Cameroun. A l'époque, les ventes de Codilait, unique entreprise de fabrication de lait concentré sucré en Afrique centrale, sont en chute libre. La dévaluation de 50% du franc CFA (FCFA), en 1994, est en cause : elle a entraîné le doublement du prix à l'importation de la poudre de lait, principal intrant de Codilait, et par ricochet celui de son produit, le lait Super Milk. Mais ce n'est pas la seule explication.

La PME camerounaise, qui emploie 200 personnes, fait aussi face à une intense concurrence : après la dévaluation, de nouvelles marques, commercialisées notamment par Nestlé, sont arrivées sur le marché à des prix très bas. «Elles coûtaient entre 900 et 1 000 francs CFA» (1,52 euro), contre 1 700 FCFA pour Super Milk, se souvient Pius Bissek. Intrigué, il fait analyser ces nouveaux laits. «A la place de la graisse animale, on a trouvé de la graisse végétale : de l'huile de palme, de l'huile de coco», raconte l'entrepreneur, qui