Le haut conseil des biotechnologies (HCB) a célébré son premier anniversaire autour d’une patates. Chargé depuis le printemps 2009 d’éclairer la décision politique en matière d’OGM, le HCB a rendu hier son rapport sur la pomme de terre Amflora (1). Originalité du haut conseil : l’évaluation est à la fois scientifique et sociétale. D’où une prise de position pas univoque, qui renvoie le gouvernement à ses responsabilités. En résumé, le HCB estime qu’Amflora n’est pas vraiment risquée pour la santé ou l’environnement… mais que la France n’a aucun intérêt à en cultiver.
Créée par l’allemand BASF, Amflora n’est pas une patate à frite : elle ne se mange pas. Elle a été modifiée génétiquement pour changer la composition de l’amidon et accroître le taux d’amylopectine, un composant utilisé par l’industrie pour des colles ou des emballages. Principal secteur concerné : la papeterie, et pour les sous-produits, l’alimentation animale. Elle a été autorisée à la culture par la Commission européenne en mars dernier. Le gouvernement français avait alors saisi le HCB, créé par la loi sur les OGM, pour se faire un avis.
Et c'est là que le double regard du conseil - un comité scientifique et un comité économique, éthique et social - entre en jeu. Les scientifiques n'ont pas vu d'objection à sa culture : pas de menace sur la santé, pas d'inquiétude sur la présence d'un gène de résistance aux antibiotiques, peu de risque de dissémination, «limitée du fait de la biologie de la pomme de terre»