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Portrait

CMA CGM : Jacques Saadé, l’insubmersible

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Le patron du 3e armement mondial gère son groupe de façon personnelle et autoritaire, déléguant seulement à sa tribu.
publié le 30 juillet 2010 à 0h00

Le naturel revenu au galop. Le 12 juillet, Jacques Saadé, patron de CMA CGM, lors du baptême au Havre de son porte-conteneers géant (365 m, plus long que le paquebot France), a écarté le sauveur de son groupe maritime. Exsangue il y a six mois, il peut désormais se permettre de refuser les pétrodollars de Qatar Holding. Et se contenter d'exiger quelques euros du Fonds souverain à la française (FSI, lire ci-contre). CMA CGM ne connaît qu'un patron. Omniprésent, tyrannique, suspicieux, Jacques Saadé, 73 ans, y décide de tout depuis trente ans : «De l'importance de la flotte jusqu'à la couleur des moquettes», souligne un ancien dirigeant. Au zénith de sa réussite, le patriarche parlait volontiers de lui à la troisième personne. Qu'un cadre le contredise et la réponse claque : «Qui dirige ici, toi ou Jacques Saadé ?» Qu'un consultant le contrarie et c'est : «Croyez-vous que Jacques Saadé va accepter ça ?» A ce régime, l'expert de JP Morgan appelé à l'automne 2009 aux fins de restructuration financière a tenu deux mois…

Son empire maritime, Jacques Saadé estime le devoir à son flair - sa «vision» disent ses amis - et son entregent. Appliqué à conserver le pilotage exclusif d'un groupe devenu mastodonte (16 400 salariés), il pratique depuis ses débuts une méthode de management très personnelle : travailler beaucoup, déléguer peu, user de l'humiliation publique, jouer des ambitions internes, clan contre clan, pour éviter les débordements. «Il