C'est une success story à la sauce financière. L'histoire d'une chaîne de produits alimentaires surgelés qui exerce une véritable séduction sur les fonds d'investissement, pros de l'effet de levier par endettement. C'est le karma des magasins Picard qui s'apprêtent à changer de propriétaire pour la troisième fois en dix ans et qui se retrouvent, de nouveau, aux mains d'un spécialiste du LBO (leverage buy-out).
Pour le meilleur ? Le LBO est un mécanisme par lequel un fonds d’investissement finance une acquisition en s’endettant auprès des banques. Il rembourse les taux d’intérêt grâce aux dividendes dégagés par la société rachetée. Et, au bout de quelques années, revend sa participation dans l’entreprise. Grâce à la plus-value réalisée, il rembourse sa dette et se rétribue.
Vache à lait. Les LBO ont fleuri un peu partout dans le monde. En France, on en comptabilise environ 1 500, qui chapeautent un million de salariés et cumulent 60 milliards d'euros de créances. Avec la crise financière et le resserrement du crédit, les conditions d'exercice du LBO sont devenues de plus en plus risquées. Et des salariés dénoncent un sacrifice de l'emploi sur l'autel des profits.
Chez Picard, la mue opérée du statut d’entreprise familiale à celui de vache à lait de la finance est un succès économique : 4 000 salariés disséminés dans 820 magasins français - la moitié en Ile-de-France - et une trentaine en Italie ; 160 millions d’euros de bénéfices ; un chiffre d