Dean Baker est - avec Nouriel Roubini, Joseph Stiglitz, Paul Jorion et quelques autres Cassandre lucides - l'un des rares à avoir entrevu la gravité de la crise financière. Sept mois avant la chute de Lehman Brothers, cet économiste, codirecteur au Center for Economic and Policy Research (voir son blog), avait prédit dans nos colonnes (Libération du 17 janvier 2008) une violente récession, la «plus féroce depuis la Seconde Guerre». Il revient sur la sortie de crise très fragile des Etats-Unis alors que les inscriptions hebdomadaires au chômage, avec 482 000 demandes, sont montées hier au plus haut niveau depuis six mois.
Les nouveaux chiffres du chômage sont-ils une mauvaise nouvelle de plus, après les signes d’une décélération de la croissance, qui attise le spectre d’une «récession en W» (lire ci-dessous) ?
Il ne faut pas s’arrêter à ces chiffres. La réalité, c’est que les Etats-Unis n’arrivent pas à retrouver les plus de 8 millions d’emplois perdus avec la récession en 2008 et 2009. On a désormais 15 millions de sans-emploi et 9 millions de travailleurs précaires, 10% de chômeurs contre 4,5% avant la crise. On se focalise trop sur le «syndrome du W» et le retour possible d’une récession. Il est tout à fait possible que cela se produise. Mais ce qui est sûr, c’est qu’on s’achemine vers une longue croissance faible, qui plongera le pays dans une léthargie économique et une crise sociale encore plus dure.
Vous dites que le plan de relance d’Obama était trop timide et qu’il est discrédité par les faits. En faut-il un nouveau ?
Il faut absolument faire