Des draps coquins pour pérenniser 140 emplois : Hacot & Colombier, une entreprise textile familiale née en 1870 à Houplines (près de Lille), a choisi l’érotique pour attiser l’intérêt de la grande distribution. Dans un coton d’une jolie couleur cassis, elle a piégé des microcapsules renfermant des huiles essentielles à la réputation aphrodisiaque. Gingembre, cannelle, clous de girofle, muscade… Le frottement des corps sur le tissu éveillerait les odeurs, tout un programme.
Emballage.«C'est dans l'air du temps. Avec la crise, on revient sur le couple», explique Antoine Hacot, le PDG. Carrefour a le premier craqué, pour une mise en rayon en décembre, et des négociations sont en cours avec d'autres distributeurs. L'affaire a le don d'émoustiller l'atelier d'emballage. «J'ai pas encore dormi dedans, déclare Nicole Murphy, chef d'atelier, quarante-quatre ans de maison, mais je crois que ça va faire évoluer la maternité.» Elle attrape un échantillon, le frotte entre ses doigts : «Il y a une odeur poivrée, vous sentez ? Bon, si on n'aime pas, on lave à 90° et puis voilà. Si on veut conserver le parfum, c'est à 40°.» Et le micro-encapsulage, on le sent dans la tenue du drap ? «Par rapport à d'autres cotons, il y a une petite raideur dedans», estime-t-elle. Une ouvrière lâche : «C'est ce qu'il faut, non ?»
Ici, dans les années 70, les voûtes de briques abritaient encore 1 000 métiers à tisser, et autant de salariés.