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Libération
EDITORIAL

Magot

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publié le 14 août 2010 à 0h00

Le fameux chassé-croisé du 15 août n’est pas pénible pour tout le monde. Les sociétés d’autoroute qui exploitent depuis cinq ans le réseau français espèrent un nouveau record de profits. Un bon week-end de vacances rapporte près de 100 millions d’euros aux trois grands qui se partagent le marché et le magot. Les péages sont une affaire très rentable et la parabole exemplaire d’une privatisation qui n’a profité ni aux automobilistes ni à l’Etat.

En 2008, la Cour des comptes, devant l’aboulie du ministère des Transports qui laissait faire les entreprises qu’il était supposé contrôler, avait levé un beau lièvre. Expliquant comment les sociétés autoroutières contournaient les règlements des concessions pour trafiquer les péages avec un système de tarifs aussi opaque que sophistiqué. Une pratique d’autant plus facile que nombre de patrons et de cadres de ces entreprises viennent des mêmes grands corps d’ingénieurs et des mêmes directions chargés de les contrôler. Montrées du doigt, certaines sociétés ont mis un peu d’ordre dans leur grille tarifaire, tout en restant des machines à cash sans limitation de vitesse. Mais l’Etat ne produit toujours pas le rapport annuel promis sur les péages qui permettrait à l’usager de se retrouver dans la jungle des tarifs. Preuve est faite au bout de cinq ans qu’en échange de ses 15 milliards, l’Etat n’a pas gagné grand-chose en privatisant et que, surtout, il a manqué de rigueur et de volonté politique pour contrôler les petits futés des péages