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Analyse

Priorité à l’actionnaire

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Les groupes autoroutiers privatisés, très endettés, ont distribué des dividendes records.
publié le 14 août 2010 à 0h00

La crise n'y a rien changé. Même en pleine récession, l'or gris du bitume continue à remplir les caisses avec la régularité d'un métronome. Le bénéfice net des Autoroutes du sud de la France (ASF) a progressé de 4,5% l'an dernier à 627 millions, tandis que celui d'APRR (Paris-Rhin-Rhône) bondissait de 12,1% à 349 millions. Pour le bonheur des grands groupes qui ont remporté ces autoroutes lors de la privatisation de la fin 2005. L'espagnol Abertis, repreneur de Sanef, a d'ailleurs choisi de ne plus en publier les comptes. «C'est une donnée sensible qu'ils souhaitent maîtriser», dit-on chez Sanef. On les comprend. Les profits des autoroutes ont bondi en quatre ans (+79% chez APRR). Les raisons de cette bonne fortune ? La hausse des tarifs et du trafic des véhicules légers, assez peu sensible à la conjoncture, garantit une progression continue des recettes. Les privés ont aussi accéléré l'automatisation des péages. Avec 1 867 suppressions d'emploi à la clé chez ASF et APPR.

Dette. De quoi servir de copieux dividendes. ASF a distribué 457 millions l'an dernier au géant français du BTP Vinci, soit 18% de son chiffre d'affaires. C'est deux fois plus que France Télécom, l'un des groupes du CAC 40 les plus généreux en la matière. Il faut ajouter à cette manne les «dividendes exceptionnels» qui ont suivi la privatisation. A peine installé dans les murs, Vinci s'est fait verser 3,3 milliards par ASF, que la société a dû financer en s'endettant. Le français Ei