Menu
Libération
Critique

«Cleveland contre Wall Street»: le cinéma se fait justice

Article réservé aux abonnés
Le réalisateur suisse Jean-Stéphane Bron fait le procès fictif des responsables du désastre des subprimes.
publié le 18 août 2010 à 0h00

C'est une histoire avec des visages humains affrontant un capitalisme à visage inhumain. Une histoire toujours en cours - la crise des subprimes, ses racines, ses conséquences - et le primat de lois économiques que les politiques ne peuvent pas, ou ne veulent pas, juguler. «Obama, comme le G8, a beaucoup parlé de réguler la finance, avant de capituler», confie le réalisateur suisse Jean-Stéphane Bron de Cleveland contre Wall Street (qui sort aujourd'hui en France, avant-première mondiale), dont le cinéma au scalpel cuisine la démocratie. L'histoire d'un procès qui aurait pu (dû) avoir lieu.

Janvier 2008 : Josh Cohen, avocat démocrate de la ville de Cleveland, assigne en justice 21 banques. Accusées d'avoir refourgué aux familles démunies des crédits hypothécaires à taux variables, et mis 100 000 personnes à la rue. Transformées des quartiers entiers - dont Slavic Village, sorte de Ground Zero de la bombe de la titrisation - en paysages fantômes à la John Carpenter. Mais le procès n'aura pas lieu. «En se dérobant, la réalité m'ouvrait le champ du cinéma», dit Bron. Il réussit à convaincre un vrai juge d'organiser un procès fictif dans des conditions réelles.

Le casting ? Un pionnier repenti des logiciels destinés à faciliter la transformation d’hypothèques en produits financiers ; un flic de la brigade d’expulsion en larmes ; un ex-dealer de came devenu fourgue de prêts pourris dans une boîte de brokers truandeurs ; et un gamin de 12 ans bientôt à la