Lancée avec faste début avril, la construction du pipeline Nord Stream, projet pharaonique sous-marin du géant gazier russe Gazprom, avance peu à peu. Près de 300 kilomètres de tube ont déjà été posés dans les fonds de la Baltique. Il en reste un millier pour permettre d’acheminer directement le gaz russe en Allemagne, sans passer par des pays de transit. Plongeant de la ville russe de Vyborg dans la baie de Portovaya, le tuyau refera surface à Greifswald, en Allemagne, après avoir traversé les eaux territoriales de la Finlande, de la Suède et du Danemark.
Pour torpiller le projet, la Pologne et les pays baltes - Estonie, Lettonie et Lituanie - ont invoqué, des arguments écologiques, politiques, et économiques. «C'est du gaspillage de l'argent des consommateurs européens, clame Radoslaw Sikorski, ministre polonais des Affaires étrangères. Un projet qui n'est pas rentable : les Européens paieront plus cher pour le gaz que si le gazoduc passait par la voie terrestre.»
Le président russe, Dmitri Medvedev, a néanmoins donné le 9 avril sa bénédiction à l’entreprise, qui coûtera au total 8,8 milliards d’euros. Au côté de la chancelière allemande, Angela Merkel, il a alors écrit «bonne chance» sur le premier tube.
Le projet en aura besoin. Les eaux de la Baltique renferment encore des mines de la Seconde Guerre mondiale, qui compliquent la pose des tubes de 1,15 m de diamètre. Gazprom a déjà dû en faire sauter une soixantaine. Avec ses partenaires allemands E.On Ruhr