Chaque jour, ils se rendent devant les grilles de l’usine Fiat de Melfi. Mais il leur est interdit de reprendre leur place à la chaîne dans cette structure de 5 300 employés qui, en Basilicate (sud de l’Italie), produit la Grande Punto et la Punto Evo. En empêchant les trois anciens grévistes Giovanni Barozzino, Antonio Lamorte et Marco Pignatelli de regagner leur poste, Sergio Marchionne, l’administrateur délégué du constructeur turinois, veut montrer sa détermination à changer la nature des rapports sociaux chez Fiat et à défier la Fiom-CGIL, le plus dur des syndicats métallurgistes.
En juin déjà, le patron du groupe automobile avait donné le ton en proposant aux salariés d'un autre site, celui de Pomigliano d'Arco (près de Naples), un marché : 700 millions d'euros d'investissements pour la production de la Panda (construite en Pologne). En échange : un durcissement des conditions de travail, avec la mise en place de 18 rotations pour faire fonctionner l'usine en continu pendant six jours, la réduction des temps de pause et le non-paiement d'indemnités maladie en cas d'absentéisme jugé «anormal». A prendre ou à laisser. Par référendum, l'accord a été approuvé à 62%.
Mais la Fiom-CGIL a parlé d'un recul social, dénonçant une clause limitant le droit de grève. Dans d'autres usines Fiat, une partie des ouvriers a alors commencé à débrayer, notamment à Melfi, où les chaînes ont été arrêtées. La direction de l'entreprise y a vu un «sabotage», et les trois grévis