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Libération
Reportage

Tête-Rousse : petit glacier mais grande frousse

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En Haute-Savoie, un chantier s’est ouvert hier en altitude pour pomper une poche d’eau de 65 000 m3  qui menace de s’abattre sur 3 000 habitants.
publié le 26 août 2010 à 0h00

Sur l’arête du Goûter, qui mène au refuge du même nom, plusieurs cordées d’alpinistes progressent sous le chaud soleil de la mi-journée. Demain à l’aube, ils partiront à l’assaut du Mont-Blanc, mais pour l’heure, soucieux des pierres qui se détachent sous l’effet de la sécheresse et menacent de les blesser, ils traversent rapidement le couloir. Sans même regarder le petit glacier de Tête-Rousse, si discret qu’on le confond souvent avec un névé (masse de neige durcie) mais qui, aujourd’hui, est l’objet d’une grande agitation.

Une pelle araignée orange, des Kärcher géants jaunes, des piquets et des tranchées creusées un peu partout, de gros câbles orange… à 3 200 mètres d'altitude. Le glacier, qui offre un splendide point de vue sur le massif de la Chartreuse, le Vercors et surtout la chaîne des Aravis, a perdu de sa sérénité et a pris des allures de chantier de travaux publics. Aujourd'hui doit débuter le pompage de l'énorme poche d'eau qu'il recèle et qui risque à tout instant de se rompre. Une cocotte-minute de 65 000 m3, découverte en juillet, qui menace de déverser une coulée torrentielle sur les hameaux en aval, soit 900 habitations.

Protons. «Un risque bien réel», confirme, crampons aux pieds, Christian Vincent, chercheur au laboratoire de glaciologie et géophysique de l'environnement de Grenoble (CNRS-université Joseph-Fourier), qui a découvert la poche. «Même si personne n'est en mesure de dire quand