«C'est une sentence historique, mais tardive», résume Antonio de Marco Rasteiro, coordinateur de l'Association des travailleurs exposés aux substances chimiques (Atesq). Il aura fallu près de 60 décès parmi ses anciens collègues de l'usine de pesticides de Paulínia (province de São Paulo), détenue tour à tour par le pétrolier anglo-néerlandais Royal Dutch Shell et l'allemand BASF, leader mondial de l'industrie chimique, pour que les deux mastodontes européens soient condamnés.
L'Atesq, l'Association de lutte contre les polluants (ACPO) et le ministère public avaient porté plainte en 2007. Le verdict est tombé le 19 août : Shell et BASF devront verser 500 millions d'euros à leurs anciens employés, à titre d'indemnités et de traitement médical, pour avoir «porté atteinte à leur santé». Des maladies - et notamment des cancers -, «que les composés chimiques produits dans cette usine peuvent provoquer», dixit le jugement, ont été diagnostiquées sur plusieurs d'entre eux. En raison des risques de transmission, les enfants nés alors que leurs parents travaillaient sur le site ou après vont également bénéficier de la sentence, qui concerne près de 3 000 personnes.
Shell avait ouvert l'usine en 1977. La multinationale y produisait des pesticides interdits trois ans plus tôt aux Etats-Unis. «Elle en connaissait donc parfaitement les dangers», fustige la procureure Márcia Kamei López Aliaga. Le Brésil a banni à son tour ces substances en 1985 mais, sel