L’allure est sobre et chic. Sergey Brin arrive au rendez-vous au Rostand, en face du jardin du Luxembourg, en costume sombre, tee-shirt blanc et le cheveu court. Seule note fantaisiste : des Fivefingers noires qui moulent ses orteils. Les souliers excentriques font partie de ses péchés mignons. Le cofondateur de Google passe quelques jours de vacances à Paris avec femme et enfant. Sans décrocher totalement, business oblige. En cet après-midi, à la mi-juin, il sort d’un rendez-vous l’estomac dans les talons. Le multimilliardaire de 37 ans commande une salade puis une assiette de fromages en proposant généreusement de piocher dedans. Lui-même mange à belles dents.
Il faut dire que la vie lui sourit. «Nous avons eu beaucoup de chance», reconnaît-il modestement. Le «nous» englobe Larry Page, son comparse de Stanford avec qui il a inventé Google. L'entreprise, à peine douze ans d'âge, se classe dans le top mondial. Il est loin le bidouillage des deux étudiants dans un garage californien, la société compte près de 20 000 employés et a enregistré 5,51 milliards de dollars (4,3 milliards d'euros) de chiffre d'affaires en 2009. Pourtant, Sergey Brin semble loin de l'image du boss. Mais les années ont lissé l'entrepreneur chevelu en jean et baskets qui promettait que Google n'entrerait jamais en Bourse. Le succès ne l'a pas désabusé et il frétille quand il voit le photographe sortir son boîtier. Voilà un objet technologique sur lequel exercer une curiosité sincère. Sa