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portrait

Premier de corde

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Paul Petzl. A Crolles, près de Grenoble, cet inquiet créatif défend une «success story»familiale dans le matériel de montagne.
publié le 6 septembre 2010 à 0h00

C'est vrai, l'image semble d'Epinal, presque trop séduisante pour être plausible. Paul Petzl, 60 ans, est un chef d'entreprise rafraîchissant comme une balade en montagne; un intuitif qui abhorre les mots «leader», «produits», «objectifs», qui a «horreur du monde de la finance qui détruit les savoir-faire». Un patron qui confesse une «vision idéaliste», revendique, au risque de paraître ringard, l'amour du «travail bien fait» et rejette les délocalisations qui font perdre le contrôle de la production. A contre-courant du modèle dominant, donc, mais fort du succès de son entreprise éponyme.

Créée en 1975 à Crolles, près de Grenoble, Petzl est devenue une référence pour les alpinistes, grimpeurs ou spéléos mais aussi pour tous ceux qui travaillent en hauteur (ouvriers du bâtiment, des sociétés de nettoyage ou d'élagage, pompiers). Résultat, trente-cinq ans plus tard, un chiffre d'affaires de 90 millions d'euros en 2009 dont 80% à l'export. Une croissance sur les trois dernières années de 15%, 450 salariés et une présence dans quarante pays. Evidemment, la success story attire les prédateurs. «Les offres de rachat, je les classe dans la poubelle ! Vendre serait trahir», assène ce chantre d'une entreprise familiale aux allures de légende.

Paul Petzl est issu d'une famille d'«immigrés allemands qui vivaient en Roumanie», avant que son grand-père, ingénieur, arrive en France et obtienne la nationalité française via un engagement