Dans un documentaire fascinant, Cleveland contre Wall Street, Jean-Stéphane Bron filme le procès des pratiques abusives des vendeurs de crédits hypothécaires financés par les banques de Wall Street. Poussés à prendre des deuxièmes et troisièmes crédits gagés sur leur maison, de nombreux propriétaires se sont placés dans une situation de risque extrême. Ils ne pouvaient s'en sortir que si les prix continuaient de monter. Dans le cas contraire, ils se retrouvaient en faillite et leur maison était saisie.
Le message du film est plus nuancé qu’il n’y paraît au premier abord et l’issue du procès de Cleveland est incertaine. Si les banques ont eu des pratiques déloyales et prédatrices, les propriétaires ont aussi singulièrement manqué de clairvoyance, tel celui-ci qui emprunte 70 000 dollars [54 000 euros] gagés sur une maison qu’il avait achetée 26 000 dollars six mois plus tôt. Le vrai procès ne serait-il pas ailleurs : celui de la réponse asymétrique du gouvernement américain qui a déployé des ressources gigantesques pour sauver le système financier alors qu’il a fait si peu pour aider les propriétaires de logement menacés de saisie ?
Au début 2010, le total des fonds dépensés dans les différents plans de renflouement du système financier atteignait 2 500 milliards de dollars. A la même date, le gouvernement américain n’en avait dépensé que 25 pour aider les propriétaires à restructurer leurs dettes hypothécaires, c’est-à-dire 1% de ce qui fut accordé aux banques. Ces m