Jean-Marie Chevalier est coauteur du rapport du Conseil d'analyse économique sur les Effets d'un prix du pétrole élevé et volatil.
«Pour croire à l'éventualité d'un choc, deux menaces devraient peser sur la France. La première, c'est la rupture de l'approvisionnement en pétrole. La seconde, c'est celle du prix. Or, il n'y a pas de menace de rupture physique. Certes, une rupture des prix peut se produire. On peut imaginer que des pays comme le Mexique ou la Russie décident de fermer les robinets. Et faire ainsi exploser les prix. Je n'y crois pas. Pour l'instant la réalité hexagonale nous dit autre chose : la part du pétrole dans la consommation d'énergie primaire a ainsi été divisée par deux, passant de 73% en 1973 à 33% en 2007. Pour produire 1 000 euros de PIB, il fallait un baril de pétrole en 1973. Aujourd'hui, un tiers suffit. Ceci dit, il nous faut diversifier notre bilan énergétique. Mettre le paquet sur des moteurs moins gourmands, augmenter les taxes sur le pétrole pour dissuader l'usage des voitures, tout en aidant les ménages les plus modestes. On parle beaucoup de «peak oil»[moment à partir duquel la production mondiale de pétrole décline, ndlr]. Moi je regarde le «peak demand» qui s'est produit aux Etats-Unis : la demande de produits pétroliers ne retrouvera pas le record historique de 2008. Et ce, grâce à l'effet conjugué de plusieurs éléments : la saturation du parc automobile, une grande sensibilité des consommateurs à toute