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INTERVIEW

«Le rôle des marchés n’a pas été remis en cause»

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Henri Sterdyniak, initiateur de l’appel des «économistes atterrés», dénonce la persistance du modèle financier qui a conduit à la crise.
publié le 16 septembre 2010 à 0h00
(mis à jour le 16 septembre 2010 à 12h52)

Ils sont quatre économistes français de renom international et ils sont «atterrés». Atterrés de constater à quel point rien n'a changé depuis la faillite de Lehman Brothers il y a deux ans et la crise qui, depuis, a ébranlé le monde. Atterrés de voir à quel point l'action politique continue d'être dominée par toute «une série de fausses évidences économiques», responsable en partie de la débâcle financière. Ils ont donc décidé de rédiger un Manifeste des économistes atterrés. Et de le faire circuler. Franc succès : près de 400 économistes l'ont déjà paraphé en deux jours. Entretien avec l'un des quatre initiateurs du manifeste, Henri Sterdyniak, économiste à l'Observatoire français des conjonctures économiques.

Renforcement du contrôle des banques, projet de taxe bancaire, réforme de Wall Street, mise au banc des paradis fiscaux… Malgré ces avancées, vous êtes atterrés ?

Bien sûr, il est indéniable que le G20, par exemple, évoque de plus en plus la question de la régulation financière. Des progrès sont à noter. Mais pas au point de pouvoir dire : «Les dysfonctionnements responsables de la crise ont disparu». Ce qui nous atterre, c'est de constater que les fondements de nos modèles économiques restent les mêmes. La probabilité d'un bis repetita, d'une nouvelle catastrophe économique et financière, est forte.

Où voyez-vous ces dangers ?

Un peu partout. A-t-on remis en cause le rôle primordial que jouent les marchés financiers dans l’économie ? Non. Aujourd’hui, nous continuons à faire comme si ces marchés étaient les mieux placés pour savoir où