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Interview

«On accroît le côté inégalitaire du système de santé»

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Pour le spécialiste des questions de sécurité sociale Didier Tabuteau, le plan gouvernemental transfère les charges sur les plus défavorisés :
publié le 17 septembre 2010 à 0h00

Ancien pilier de cabinet lorsque la gauche était au pouvoir (Claude Evin et Martine Aubry aux Affaires sociales et… Bernard Kouchner au ministère de la Santé), Didier Tabuteau est spécialiste des questions de santé et de sécurité sociale. Aujourd’hui en charge de la chaire santé à Sciences-Po, il réagit aux premières «hypothèses de travail» du gouvernement pour contenir le déficit de l’assurance maladie en 2011 et économiser 2,5 milliards d’euros.

Comment jugez-vous les premières «pistes» du nouveau plan Sécu du gouvernement ?

A supposer que ces mesures soient effectivement prises, je constate tout d’abord qu’elles ne s’attaquent pas au rééquilibrage du déficit de l’assurance maladie (11,6 milliards d’euros) auquel il faudra pourtant bien s’atteler un jour. Et pour y parvenir, on n’échappera malheureusement pas à une hausse des prélèvements obligatoires.

Ce qui n’est pas la voie choisie depuis que la droite est revenue au pouvoir en France…

Dans la lignée de ce qui s’est fait depuis 2004 et la mise en place de la participation forfaitaire d’un euro pour tous les assurés sociaux, le plan joue sur toutes les cordes de la maîtrise des dépenses. D’un côté, on alourdit la charge pesant sur les patients sans jamais revenir en arrière ; de l’autre, on régule l’offre de santé à travers une pression accrue sur les tarifs des professionnels et le prix des médicaments. Rien que du très classique. Si ce n’est qu’on sollicite toujours plus le portefeuille de