Le 7 septembre, lors de la précédente journée d'action sur les retraites, les syndicats ont annoncé 2 700 000 manifestants, la police 1 120 000. Comment compte-t-on, et pourquoi un tel écart entre les deux chiffres ? Jusqu'à 30 000 manifestants, le comptage visuel est à la portée de n'importe quel observateur de bonne foi. C'est ce que l'on essaie de faire à Libération. On évalue ce que représente un groupe de 100 personnes, et on totalise les groupes de 100 entre deux banderoles repères, depuis un point fixe. A partir de 4 000 ou 5 000, la marge d'erreur devient forte.
Les services de police ne procèdent pas autrement, plaçant plusieurs agents en deux points de comptage au début et au milieu du défilé quand il est important. Au-delà de 150 000 personnes, un recoupement par vue aérienne serait nécessaire. Mais il est rarement pratiqué en France. Le chiffre de la police - s’il n’est pas «corrigé» par les préfets - est en principe fiable. Mais comme elle ne compte que les gens qui défilent sur la chaussée et pas sur les trottoirs (considérés comme des badauds), il est en général sous-estimé.
Au printemps 2006, lors d'une manifestation contre le CPE, nos confrères du Parisien ont voulu en avoir le cœur net. Ils ont pris des photographies depuis la nacelle d'une grue élévatrice placée à hauteur du pont d'Austerlitz, point de passage obligé. En comptant sur chaque cliché le nombre de personnes situées entre deux banderoles, ils ont trouvé un chiffre de 40% inférie