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Libération
Interview

«La vraie innovation, ce sont les petits véhicules propres»

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Après les rumeurs de délocalisation en Chine de la C6, Bernard Jullien, spécialiste de l’automobile, analyse l’échec des constructeurs français dans le haut de gamme :
publié le 24 septembre 2010 à 0h00

Le successeur de Nicolas Sarkozy roulera-t-il dans une Citroën C6 made in China ? PSA a démenti étudier la délocalisation de Rennes vers la Chine de la remplaçante de sa berline de luxe, comme l'écrivait hier la Tribune.«La C6 est une voiture assez récente. Il n'y a aucun projet», insiste un porte-parole. Ce projet serait pourtant jugé logique par l'économiste Bernard Jullien, directeur du groupe d'étude sur l'automobile Gerpisa. Il analyse l'échec des constructeurs français dans le haut de gamme.

Le projet d’une nouvelle C6 100 % chinoise vous surprendrait-il ?

Pas du tout. Ce serait la même stratégie que Renault, qui développe et fabrique ses nouvelles berlines haut de gamme en Corée [dont la Latitude, dévoilée le mois dernier, ndlr] depuis l'échec commercial de sa Vel Satis. C'est une évolution logique, car les ventes de Renault et PSA dans le haut de gamme en Europe sont très faibles et ne permettent pas d'atteindre la rentabilité. Plutôt que d'abandonner complètement ce créneau, comme l'ont déjà fait Ford ou Opel, les constructeurs français misent sur le marché chinois et asiatique, où ce type de voitures se vend très bien, et où ils peuvent espérer des volumes qu'ils ne peuvent plus obtenir en Europe.

Pourquoi les Français ont-ils échoué dans le luxe face aux Allemands ?

L’Allemagne est le plus gros marché européen du haut de gamme, très loin devant la France et l’Italie, notamment parce que les automobilistes allemands sont plus riches et prêts à dépenser plus pour leur voiture. Ce marché intérieur relativement captif et solide est l’avantage structurel qui a permis au