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Libération

Comme si la crise n’avait jamais eu lieu

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publié le 28 septembre 2010 à 0h00

Il y a deux ans, peu après le déclenchement de la crise, l'atmosphère était au retour de l'Etat et à la redécouverte des politiques d'inspiration keynésienne. Il est vrai que, pour sauver le système financier, l'argent de l'Etat était aussi bon qu'un autre ; meilleur même. Mais on pouvait penser que, malgré les apparences, on en reviendrait au business as usual néolibéral sitôt la crise passée. Force est de constater que cette prédiction était erronée ; mais pas dans le sens qu'on aurait pu espérer.

Les dogmes néolibéraux ont effectivement fait leur retour en force, mais cela bien avant que la crise ne soit terminée. C’est d’ailleurs ce constat qui est à l’origine du «manifeste des économistes atterrés» : on n’observe ni une remise en cause conséquente des schémas de pensée dominants depuis une trentaine d’années ni un affaiblissement du pouvoir de la finance. Qu’on en juge : le rôle central des marchés financiers dans l’allocation du capital n’a pas été remis en cause et la principale préoccupation des dirigeants politiques semble être de «rassurer» les marchés, c’est-à-dire de suivre leurs volontés. Les banques et leurs lobbies ont résisté avec succès aux velléités d’encadrement strict de leur activité sur ces mêmes marchés ; elles s’en tirent avec une augmentation des normes en matière de fonds propres (les accords dits «Bâle III») qui met la barre un peu plus haut mais ne change pas les règles du jeu. On attend sans impatience Bâle IV, V, VI…

C’est la réduction du