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Libération

Les ouvrières de Lejaby dans l’arène

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Cinq des salariées qui occupent le siège social pour protester contre la fermeture de trois sites ont été assignées en référé par le propriétaire de l’entreprise.
publié le 28 septembre 2010 à 0h00

«J'ai 40 ans.» «J'ai 27 ans et demi.» «J'ai 11 ans.» Lorsqu'elles se présentent, les salariées en grève de Lejaby donnent leur ancienneté dans l'entreprise plutôt que leur âge réel. Ce n'est une coquetterie de dame. Pour la plupart d'entre elles, Lejaby, c'était toute leur vie. Elles étaient ouvrières spécialisées dans la corseterie haut de gamme. Elles sont entrées chez Lejaby avant d'être majeures, leur CAP couture en poche. Elles avaient ce qu'elles appellent «un métier». Mais qu'elles évoquent aujourd'hui à l'imparfait.

En mars, leur direction leur a annoncé que trois des quatre sites de production français - tous situés en Rhône-Alpes - allaient fermer. Lejaby est la dernière marque du secteur à fabriquer encore 30% de ses produits en France. La direction veut s’aligner sur les concurrents en réduisant cette part à 8%. Pour parvenir à cet objectif, 197 personnes, soit près du tiers des effectifs, doivent être licenciées. Dans le même temps, les salariées ont appris dans la presse que leur actionnaire, le groupe autrichien Palmers, tentait de se débarrasser de l’entreprise par une procédure parallèle devant le tribunal de commerce de Paris. Il n’avait pas jugé utile d’en informer le personnel.

Elles ont en moyenne 52 ans. Elles savent qu'elles auront du mal à retrouver du travail. Alors, aujourd'hui, les filles de Lejaby n'ont plus qu'un objectif : pouvoir partir avec une prime «correcte». Depuis près de deux semaines, elles occupent jour et nuit